Si vous aussi vous aviez vécu à New York dans les années 80, que vous aviez empoché un poste de trader à Wallstreet en jouant aux cartes et que votre charme subjuguait toutes les femmes en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, alors peut-être seriez vous devenu le héros de ce nouveau roman de Robert Goolrick. Ce héros ? Devrais-je plutôt dire antihéros car cet homme est antipathique, égoïste et prétentieux et n'hésite pas à vanter ses qualités : « J'avais tellement de charme que j'aurais convaincu un poussin d'éclore, ou vendu la clim à un Esquimau mort. »
Or dans cette société où la démesure règne en maître, où l'alcool a suppléé l'eau depuis longtemps et où le sexe se partage comme une brioche à la récré, ce genre de comportement est devenu d'une effroyable banalité et la réussite, le quotidien de tout un chacun ! Mais attention à ne pas s'y méprendre car bien souvent « la suite se résume à un lent déclin, jusqu'à la chute ».
Un très bon roman, vif et chargé en émotion, où chaque personnage porte en lui le poids de ces années de débauche, dominées par la menace du sida et attend, comme un condamné, l'annonce de sa sentence...
C'est avec délice que l'on retrouve l'univers de Robert Goolrick afin de suivre la décadence d'un homme méprisable - mais qu'on n'arrive décidément pas à détester - dans sa quête du pardon.